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Photo du rédacteurMichel Tanguy

Savez-vous comment on dit burn-out en québécois ?

Au pays où on peut manger un chien chaud pour le souper ( traduction: un hotdog à diner), je m'attendais à trouver chez nos amis québécois une belle traduction française du mot anglais burnout. Car, sans polémiquer, les francophones du Québec sont souvent plus attachés à la langue française que les Français. Sauf que cette fois ci, soit ils ont manqué d'énergie (c'est ballot pour qualifier cette pathologie de l'épuisement), soit ils n'ont pas trouvé les bons mots pour traduire avec justesse ce processus d'épuisement professionnel qui se solde par une dépression particulière et très grave et qui est si bien résumé dans la juxtaposition de ces deux mots anglais : "burn"..."out". Brûler, se consumer... jusqu'à la sortie de piste.

Pour la petite histoire, on doit ce terme à un psychothérapeute américain, Herbert Freudenberger qui observe dans sa "free clinic" pour toxicomanes, dans les années 70, des soignants qui se consument de l'intérieur comme leurs patients. Il appelle cela "burnout" pour décrire cette maladie provoquée par une suractivité humaine et addictive qui met le feu au système psycho-physique. Il écrira dans son ouvrage référence "L'épuisement professionnel : la brûlure interne" : " En tant que psychanalyste et praticien, je me suis rendu compte que les gens sont parfois victimes d'incendie, tout comme les immeubles. Sous la tension produite par la vie dans notre monde complexe, leurs ressources internes en viennent à se consommer comme sous l'action des flammes, ne laissant qu'un vide intérieur immense, même si l'enveloppe externe semble parfois plus ou moins intacte."

Je vous invite à repérer la différence, aussi subtile soit-elle, dans l'adaptation française du terme d'origine "burnout"... L'aviez-vous remarqué?

Eh oui, un trait d'union. Car en Français on écrit burn-out. Une erreur, un détail, me direz-vous ? Pas pour moi, pour qui ce "trait d'union" a beaucoup de sens et permet de bien comprendre cette maladie qui évolue en deux stades bien distincts : le stade du "burn" (qui représente ce processus pendant lequel le système physico-psychique crame plus ou moins lentement) puis si rien n'est fait, le stade du "out" (qui marque l'arrêt brutal de ce même système physico-psychique, la sortie de route avec son cortège de symptômes que j'ai déjà décrit dans un article précédent : "les signes du burn-out").

A l'origine de tout ça, il y a une allumette qui a craqué : cette allumette c'est bien entendu le stress. Car si vous ne le saviez pas encore, le burn-out est une pathologie du stress : ou plus exactement l'échec d'une stratégie d'adaptation au stress qui va devenir pathologique. Le corps humain sait naturellement éteindre l'allumette : un jour, puis un autre jour. Mais quand ça devient tous les jours, voire plusieurs fois par jour... le corps, ou plus exactement le cerveau, qui n'a pas été conçu pour gérer cette chronicisation du stress, s'épuise. Hans Selye, le"papa" du stress avait bien identifié que la réponse physiologique face au stress est toujours la même, en 3 phases: Phase d’alarme: l’organisme reconnait l’agression. Combat ou fuit. Phase de résistance: l’organisme s’adapte à l’agent stressant. Réaction saine à la situation. Phase d’épuisement: la résistance a des limites, l’organisme s’épuise.

Il est vraisemblable que l'adaptation génétique de l'espèce humaine n'est pas allée assez vite pour nous permettre à tous, de supporter les craquements d'allumette à la vitesse de mitraillette, souvent imposée hélas par le monde professionnel d'aujourd'hui. D'où une croissance exponentielle d'individus qui entrent dans la phase d'épuisement. Et des Québécois qui en perdent leur latin !



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