top of page
Rechercher
  • Photo du rédacteurMichel Tanguy

Le travail des rêves dans le burn-out

Ce n'est qu'assez récemment que j'ai saisi l’importance des rêves dans le travail thérapeutique et tout particulièrement dans l'accompagnement du burn-out. J’avais cette croyance limitante que les rêves n’étaient qu’une poubelle ou une décharge pour l’inconscient afin de se « vider » de ce qu’il n’arrivait pas à éliminer pendant la journée. J’ai découvert que c’était bien plus que cela. Le rêve est une situation de communication, « un message encodé » de la part de l’invisible en nous. En ce sens, je fais des ponts avec ma conception en tant qu’hypnothérapeute transpersonnel que le rêve est la production d’un message de la part de notre inconscient, qui est notre allié. L’accueillir, l’écouter, le déchiffrer, voire le prolonger devient donc une évidence pour moi. D’ailleurs je propose désormais régulièrement à certains de mes clients de travailler à partir de leurs rêves. J'ai beaucoup de gratitude envers Muriel Rojas Zamudio, psychanalyste et spécialiste du travail avec les rêves, qui m'a formé au CesHum (L'Ecole du Transpersonnel) et qui m'a ouvert les yeux à cette pratique thérapeutique très prometteuse !

Pour cet article, je vais illustrer le travail fait en séance avec un client, prénommé Marcel, cadre dirigeant, anciennement président d'une filiale d’une multinationale du CAC 40, licencié suite à un burn-out et que j’accompagne en thérapie depuis 7 mois. J’ai choisi de travailler avec les rêves lorsque mon client m'a décrit avec émotion une situation de cauchemars récurrents autour de l’humiliation de la part de son CEO… Dans mon expérience du burn-out, les rêves avec des situations d'humiliation qui se répètent sont fréquents. On est dans la continuité de la "torture chinoise" (symptôme post traumatique de certains burn-out que j'ai décrit dans un article précédent - Hypnose et burn-out 2). Même quand cette "torture" cesse physiquement grâce à un arrêt de travail, elle peut se prolonger longtemps, inconsciemment, durant le sommeil.

Le résultat de notre séance a été immédiat ! Après une seule séance de travail avec les rêves, les cauchemars de Marcel ont cessé. Je me suis dit combien cela m’aurait été utile personnellement de connaître cette technique quand je traversais une situation semblable avec mon propre burn-out et où j’ai rêvé (et subi!) durant plus d’un an, presque toutes les nuits, toutes sortes de formes d’humiliation de la part de mon ex-PDG.

Nous décidons donc ensemble de travailler à partir d’un rêve très récent et particulièrement marquant, duquel Marcel s’est réveillé en sursaut, en panique, comme un lapin traqué, me dit-il, où je le perçois très proche d’un ressenti post-traumatique.

Description du rêve : Marcel, est au siège de la multinationale et doit présenter ses résultats et projections pour l’année à son CEO. C’est une énorme salle de réunion dans laquelle se trouve une trentaine de cadres sup, de son équipe mais aussi de l’entourage du CEO. Au tour de Marcel de présenter, mais il n’arrive pas à brancher son ordinateur. Puis quand enfin, il y parvient, sa présentation est vide. Il commence à paniquer. Le CEO s’impatiente. Marcel est sûr d’avoir une présentation mais perd ses moyens. Il ne sait plus rien. Il panique et les gens autour de lui paniquent aussi. Le CEO fait quelques réflexions méprisantes. Marcel s’excuse pour aller aux toilettes. Il part dans des couloirs interminables, se trompe de porte, et se met à courir dans un dédale de couloirs et de salles avant de trouver enfin les WC… mais rentre dans les toilettes des femmes. Celles présentes hurlent, choquées, affolées. Il ressort et court encore plus vite. Se réveille en tachycardie et en sueur.

Je lui propose de retourner dans ce rêve en Etat Modifié de Conscience pour le re-scénariser. Afin que le cerveau puisse « engrammer » » une

nouvelle expérience et remplacer ainsi l’ancienne mémoire traumatisante et humiliante.

Je lui fais une induction d’hypnose, avec une visite de son lieu sécure (maison de vacances, balcon au soleil, ciel bleu, odeur d’oranges et de citrus dans l’air). J’invite ensuite Marcel à se transporter dans son rêve, il retourne au moment de la scène où il court dans les couloirs, à la recherche des toilettes. Je l’accompagne durant tout le processus en hypnose conversationnelle… Je lui propose de changer les scènes qui ne lui conviennent pas au fur et à mesure que se revit le rêve. Ainsi dans les couloirs, il croise un monsieur qui lui indique la bonne porte. Il entre dans les WC pour hommes. Il se mouille le visage d’eau fraiche et arrache sa cravate. Quand il retourne ensuite en salle de réunion, il visualise son CEO en train de faire un malaise car il a pris trop de cocaïne avant la réunion. Ce dernier s’écroule de son fauteuil, tout le monde se rue pour l’aider. Défribillateur… les secours arrivent et le mettent sur un brancard pour le conduire à l’hopital. Les gens se rassoient et… rient de bon coeur : enfin « débarrassé de ce salaud ». Comme une forme de pied de nez… Les gens se détendent ; Marcel rallume son ordinateur et retrouve sa présentation. Il se fait grandir en taille pour enlever le reste de peur de « ne pas être à la hauteur ». Il fait sa présentation dans une ambiance professionnelle, courtoise, authentique et beaucoup plus détendue. Les gens sont contents, lui aussi, le travail est bien fait. Fin de rêve.

J’invite avant de terminer notre séance à ce que Marcel récapitule les informations reçues et me décrive comment il est dans son corps.

Depuis, plus jamais il ne rêva d’humiliation. Et s’il lui arrive encore d’avoir des rêves de son ancien travail, c’est dans un contexte plus bienveillant et détendu.


655 vues1 commentaire

Posts récents

Voir tout

1 Comment


vanessa.b4
Mar 07, 2021

Vive l'émerveillement qui n'anime Michel ! Merci pour ta générosité et ton professionnalisme.

Like
bottom of page