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Je brûle, je brûle... Quels sont les signes du "burn" avant le "out" final ?

Photo du rédacteur: Michel TanguyMichel Tanguy

La banalisation du terme burn-out, utilisé à toutes les sauces, n'aide évidemment pas à clarifier la réalité d'une maladie qu'il s'agira de prévenir plutôt que de guérir. Tout comme la dépression n'est pas un simple coup de mou, le burn-out n'est pas non plus un simple coup de fatigue professionnelle mais bel et bien une maladie de l'épuisement, invalidante, longue et délicate à traiter. Pour autant le burn-out n'est pas non plus synonyme de toutes les souffrances au travail : ces dernières sont importantes à distinguer. La forme clinique de la décompensation liée à un burn-out est tout à fait spécifique et reconnaissable pour un clinicien expérimenté (cf article "à quels signes reconnait-on un burn-out"). Dans la cartographie des syndromes pathogènes du travail, Christophe Dejours et Isabelle Gernet ont fait un travail très sérieux ("Psychopathologie du travail") et distinguent les pathologies de harcèlement (moral, sexuel) et les pathologies de surcharge (TMS : troubles musculo-squelettiques, karochi, burn-out). Le burn-out est une pathologie de surcharge mixte. J'insiste sur 'mixte' car les signes sont somatiques mais aussi émotionnels, cognitifs et comportementaux. Et la cause n'est pas que de la surcharge de travail (le "trop") mais aussi du conflit moral (le "pas juste").

Parce que les dégats du burn-out sont dramatiques, il faut encourager la prévention et apprendre à détecter les signes précurseurs du burn-out pour soi-même (difficile) et pour les autres (un peu plus facile).

La bonne nouvelle, je le rappelle, c'est que le burn-out est l'issue (certes brutale) d'un long processus. L'épuisement ne surgit donc pas du jour au lendemain. La sortie de route (le "out") ne se fait qu'après des mois de brûlures répétées (le "burn"). Si on est bien vigilant on a donc le temps de voir venir. En théorie en tous cas; même si dans la pratique, hélas, on s'aperçoit que les victimes du burn-out ont souvent perdu deux qualités essentielles : la vigilance pour soi et le temps pour soi. Une victime déjà en processus de "burn" a donc une marge de manoeuvre assez faible pour prévenir son "burn-out" seule. Elle aura besoin de son entourage professionnel et personnel pour permettre la prise de conscience qu'elle va droit dans le mur.

Parlons donc du faisceau de signes observables du "burn", dans ce processus où on constate des changements chez la personne qui nous est proche ou bien avec qui l'on travaille.

Au niveau corporel : la personne se plaint d'une récurrence de douleurs physiques (maux de dos, d'épaules ou de tête), de palpitations cardiaques, d'insomnies, d'une fatigue permanente.

Au niveau des émotions : vous observez une augmentation inadéquate de l'irritabilité, de l'agacement, la personne est de plus en plus souvent à cran. Les émotions "surchauffent" (avant de cramer dans le stade final du "out").

Au niveau des comportements : au travail, la personne va alterner entre suractivité, allongement du temps de travail, agressivité inhabituelle, et puis détachement, froideur, cynisme, déconcentration inhabituelle, démotivation et isolement. C'est un sentiment croissant d'improductivité qui doit nous alerter (plus d'heures, moins de rendement). A la maison, les comportements alimentaires peuvent changer et surtout il peut y avoir une augmentation de prise de substances (alcool, cigarettes, joints, somnifères, anxiolytiques) pour "tenir".

Les signes vont fluctuer et s'intensifier. Votre rôle va être d'essayer de persuader le plus tôt possible votre proche/votre collègue de consulter un spécialiste du burn-out (à ce stade du burn : un coach ou un thérapeute convient) pour apprendre à augmenter son cadre protecteur en identifiant bien ses ressources et ses stresseurs; et surtout à bien fixer ses limites au travail voir ralentir le rythme et envisager des ré-aménagements si nécessaire ; apprendre à s'investir ailleurs que dans le travail.

Vous n'arriverez peut-être pas à persuader tout de suite la personne de consulter, tant le déni peut être fort, mais réessayez avec diplomatie. Et souvenez-vous que votre présence soutenante et votre extrême patience seront d'une aide précieuse.






 
 
 

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