"Et le soleil plonge, plonge, plonge dans la mer. De plus en plus profondément..."Je suis un hypnothérapeute éricksonien transpersonnel. Je n’ai pas trouvé à date d’article ni d’ouvrage de référence qui aborde la question de l’hypnose et du burn-out de façon satisfaisante, aussi me mets-je à l'écriture. L'intention est double : donner envie aux personnes en burn-out d'essayer des séances d'hypnose; et partager avec mes confrères hypnothérapeutes mes idées et techniques en la matière.
Au-delà de ma propre traversée du burn-out, j’ai très vite eu envie d’appliquer l’hypnose dans ma clinique naissante, pour l’intérêt thérapeutique que je pouvais imaginer à appliquer les protocoles appliqués à mes propres cas de burn-out, et sous deux formes : l’hypnose ericksonienne (conversationnelle ou non), et le Voyage Intérieur. Je dois toutes mes hypothèses et idées de travail aux supervisions individuelles et aux échanges très fructueux avec mes deux enseignants du CesHum : Nicolas Dumont -psychologue et créateur de l'Hypnose Ericksonienne Transpersonnelle, et Arnaud Touffet, psychopraticien et hypnothérapeute transpersonnel.
Je commence à proposer des séances ou parenthèses d’hypnose pour améliorer certains effets du burn-out, pour accompagner mes clients dans un changement nécessaire et retrouver l’estime de soi, et enfin pour les aider à trouver leur vraie mission de vie. J’ai été séduit puis impressionné par le travail de Milton Erickson, père de l’hypnose thérapeutique moderne. Je partage sa vision d’un Inconscient qui a sa propre intelligence et ses propres ressources, et qui est toujours capable d’apprendre et d’aider la personne à se développer. Pour Erickson le travail thérapeutique ne cherche pas la racine des souffrances mais à collaborer avec l’intelligence inconsciente au service du changement. L’Inconscient est donc « l’esprit allié » avec qui nous allons travailler dans la thérapie du burn-out pour négocier avec le Moi conscient qui porte les résistances et les peurs du changement.
Dans ce premier article sur "Hypnose et burn-out", je propose de regarder comment l'hypnose permet d'améliorer certains effets du burn-out :
La fatigue - les ruminations - la solitude, la honte, la culpabilité, la tristesse - la coupure avec les ressentis du corps - les problèmes de sommeil.
Ces signes, caractéristiques du burn-out, peuvent être, j’en suis convaincu, considérablement améliorés grâce à l’hypnose et la qualité de lien avec le thérapeute (qui est, ne l’oublions jamais, le tout premier allié de la victime d’un burn-out).
Je propose à mon client de se dissocier dans son « lieu ressource », en donnant l’instruction de regarder l’autre partie épuisée de lui-même se ressourcer pendant la séance. Je commence à créer mes propres métaphores d’hypnose conversationnelle autour de la vie qui se recycle et se régénère sans cesse… les terres parfois s’épuisent mais si on les laisse en jachère elles se refont… La vie refait la vie. Je me mets moi-même en « état du guide », dans une légère transe où je me laisse guider par ce qui émerge dans la relation du moment présent. Je demande à la partie inconsciente du client d’aller trouver en lui le « feu sacré », source d’une énergie inépuisable qu’il a simplement égaré au fil de sa vie professionnelle.
Pour calmer les ruminations et la culpabilité, il m’arrive de demander préalablement au client de nommer un allié réel, par exemple un adulte résilient qui serait le parfait mentor ou soutien sur cette question, et qui l’aurait toujours regardé comme quelqu’un de digne. Puis de l’inviter à se dissocier, en séparant le juge de la partie qui se sent indigne ou coupable et d’initier en transe, un dialogue entre les deux parties sous l’œil soutenant de l’adulte résilient. On pourrait également imaginer d’apprendre au client à aller « en-dessous » de ses ruminations, avec une transe plus profonde, accompagnée d’une induction métaphorique, par exemple de l’aviateur qui en temps de turbulences sait voler au-dessus mais aussi en dessous des nuages…
En hypnose, le thérapeute peut également proposer au client coupé de son corps d’aller amplifier encore plus cette anesthésie corporelle voire émotionnelle, pour bien percevoir la carence et ressentir ainsi peut-être le besoin du lien au corps et aux autres.
La question du sommeil dans le burn-out est trop complexe pour être correctement traitée ici. Je ne voudrais certainement pas présenter l’hypnose comme un simple coup de baguette magique qui règle les problèmes comme par miracle. Les dyssomnies qui démarrent généralement dans la phase « burn », s’empirent et s’incrustent avec une mauvaise hygiène de vie (alcool, café, médicaments, drogues), un travail excessif ou des horaires décalés, une hyper-connexion digitale, sans parler d’un éventuel terrain psychologique anxieux ou d’autres problèmes personnels anxiogènes. Il est donc primordial de séparer ces questions et de les régler parallèlement. Il me semble que l’hypnose peut avoir sa place pour calmer le besoin de ruminer ou de ressasser sa journée la nuit. J’aide mon client à reconnaître qu’il y a un conflit entre une partie de lui qui pense que c’est si important de réfléchir, et une autre partie de lui qui pense que c’est très important de dormir… Peut-être sera-t-il possible, une fois que le besoin de ressasser a bien été considéré, de négocier avec l’inconscient un temps spécifique dans la journée à consacrer à cela.
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